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19 Décembre 2022

Retour sur le colloque de la transition socioécologique de la SMQ

Par Anne-Catherine Lebeau

Plus tôt cet automne, ma collègue Marianne Lavoie et moi avons pris la route et traversé les majestueux paysages du Saguenay-Lac-Saint-Jean pour nous rendre au congrès annuel de la Société des musées du Québec. Ce colloque, qui s’est tenu du 27 au 30 septembre 2022 à Roberval, avait pour thème: « Musées et transition socioécologique ». 

 

Là-bas, nous nous sommes mêlées à plus de 277 congressistes (214 sur place et 65 en ligne) ayant à cœur le développement durable et désireux d’adopter des pratiques plus écoresponsables dans le milieu muséal. Nous étions fières de nous joindre à ces délégations des quatre coins du Québec pour écouter, réfléchir et échanger sur l’avenir de la muséologie. Les musées font d’ailleurs partie des acteurs culturels que nous accompagnons dans la transition écologique depuis 2021.

 

Dans le cadre du colloque, Marianne et moi avons toutes deux participé au panel intitulé « Pratiques d’écoconception : outils et ressources ». Animée par Isabelle Picard, ethnologue, spécialiste des Premières Nations et formée en muséologie, cette séance a été l’occasion de présenter des outils et conseils très concrets, autant au niveau de la mise en exposition que des activités éducatives ou de la conservation, et qui, nous l’espérons, pourront servir à d’autres institutions. 

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J’étais, pour ma part, accompagnée de mes deux collaboratrices, Josianne Blouin et Karine L’Ecuyer, professeures au Département de Techniques de muséologie au Collège Montmorency. Le Collège Montmorency est la seule institution à former les technicien.ne.s en muséologie au Québec. La communication que nous avons préparée est née de la volonté de développer un partenariat afin d’échanger sur nos expertises respectives. Comme Écoscéno se donne pour mandat de diffuser les bonnes pratiques écoresponsables par le biais de formations et d’accompagnements, nous souhaitions documenter les façons de faire écologiques déjà mises en pratique par les techniciens en muséologie à travers la province. Les professeures de la technique en muséologie sont quant à elles motivées d’intégrer dans leurs enseignements des notions d’écoconception, afin de former des technicien.ne.s outillé.e.s pour améliorer l’impact environnemental de leur pratique.

 

Il apparaissait donc naturel de débuter notre collaboration avec ce projet de présentation. Le processus a débuté par une recherche de terrain auprès de plusieurs technicien.ne.s en muséologie représentant 14 institutions à travers le Québec. Nous les avons ensuite rencontrés dans le cadre de deux entretiens virtuels pendant lesquels nous avons discuté des bons coups et des défis reliés à l’adoption de pratiques écoresponsables dans leur profession. Nous souhaitions aussi leur laisser l’espace nécessaire pour s’exprimer au sujet de leurs craintes et aspirations pour le futur.

 

Comme les technicien.ne.s furent très généreux.ses de leur temps et de leur ingéniosité, nous avons pu présenter de multiples pratiques écoresponsables inspirantes qui prennent déjà place dans plusieurs musées, telles que la transformation de caisses de transport en mobilier d’exposition, ou encore l’utilisation de gants biodégradables. Nous avons aussi fait  la synthèse de cinq principaux défis pouvant faire obstacle à la mise en place de pratiques durables (l’espace, les ressources financières et humaines, la communication entre départements, le temps, ainsi que la connaissance et la disponibilité des matériaux écoresponsables). Cette enquête a été l’occasion de constater que la volonté d’avoir une pratique écoresponsable est partagée par un grand nombre de technicien.ne.s et que ceux-ci et celles-ci se montrent déjà proactif.ve.s dans la recherche de solutions. 

 

De son côté, Marianne présentait, en compagnie de Geneviève Larouche, responsable des expositions au MEM – Centre des mémoires montréalaises, le sommaire des apprentissages reliés à une collaboration entre Écoscéno et le MEM. Cet accompagnement en écoconception s’est réalisé de mai 2021 à février 2022 et visait à développer le design de kiosques qui serviraient de mobilier pour les dix prochaines années d’expositions temporaires. 

 

Dès le début du projet, le mot d’ordre était de penser à long terme afin de réduire au maximum les impacts environnementaux, du début de la conception des kiosques jusqu’à la fin de la période d’utilisation projetée. Ainsi, les équipes ont fait des recherches et des tests pour développer une structure modulaire et assemblée mécaniquement, permettant de varier les configurations et les types de présentation au fil du temps. Comme on visait aussi l’utilisation de matériaux durables, un intérêt particulier a été porté au bois de frêne revalorisé, qui répondait autant aux attentes esthétiques qu’aux critères de responsabilité recherchés. En effet, le bois de frêne fourni par Bois Public, un proche collaborateur pour ce projet, est local et trouve une seconde vie après avoir été atteint par l’agrile du frêne. Les différentes décisions ayant été prises au fil du processus ont permis d’atteindre un indice d’écoconception très satisfaisant pour l’équipe du MEM. Celle-ci s’en trouve désireuse de continuer son engagement environnemental pour ses prochains projets. 

Enfin, ce panel était d’autant plus enrichissant grâce à la présence de Catherine Thibault, coordonnatrice, logistique patrimoniale à la Commission des champs de bataille nationaux. Celle-ci a exposé les solutions concrètes et créatives mises en place dans cette institution pour rendre les activités éducatives plus écoresponsables, tout en étant ludiques et originales et en respectant des contraintes budgétaires.

 

L’une des conclusions principales de ces présentations est que la transition écologique des musées devrait s’opérer non seulement dans les actions quotidiennes, mais aussi, et surtout, à travers des changements dans la structure opérationnelle et les valeurs de fond des institutions muséales. Il est en effet fondamental que les équipes et les directions intègrent des valeurs et des réflexes écoresponsables qui leur permettront de concrétiser leurs aspirations.

 

L’expérience du colloque de la SMQ a été à la fois inspirante et rafraîchissante grâce à la variété des points de vue abordés et aux échanges d’idées sur la scène et avec le public. Les communications qui ont eu lieu lors de ce congrès ont abordé des sujets sensibles et essentiels, dont celui de l’inclusion des savoirs autochtones dans les pratiques actuelles. Ce type de rassemblements nous rappelle la valeur des réseaux et des interactions avec les autres, car c’est en travaillant ensemble que nous pourrons accélérer la transition écologique.

 

Maude Pelletier

 

Écoscéno remercie Desjardins, partenaire de la mise en valeur du volet Accompagnements en écoconception.d15 desjardins logo couleur