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20 mai 2021

La Marche du crabe | Portraits d’artistes et artisans de la scène écoresponsables

Par Caroline Voyer
Par Conseil québécois des événements écoresponsables

« Mue par la nécessité d’une réelle rencontre artistique avec les tout-petits, La marche du crabe propose des créations multidisciplinaires ancrées dans l’expérience kinesthésique du spectateur. En combinant leurs expertises en danse, théâtre et cirque, Sandy Bessette et Simon Fournier traitent de manière sensible et intelligible, les différentes réalités auxquelles l’enfant est exposé au cours de son développement humain et social. À partir d’une vision commune des arts vivants et la création d’activités de médiation, ils s’engagent à offrir des opportunités d’accès au corps, à l’imaginaire et à la créativité. Ainsi, la compagnie contribue au décloisonnement des arts et favorise l’ouverture, l’échange et l’esprit de communauté. »

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Billet de blogue commun entre le CQEER et Écoscéno

Il y a quelques semaines, j’ai demandé à Sandy Bessette de La marche du crabe si elle acceptait d’être notre première invitée pour cette série d’articles de blog. Avec une grande générosité, elle a accepté mais m’a demandé si elle pouvait être accompagnée de deux membres de son CA, Catherine Jobin et Judith Dufour-Savard, qui portent la démarche « verte » avec elle dans l’organisation.

J’ai donc eu la chance d’avoir une porte ouverte sur une belle discussion, comme si, pour le temps de l’entrevue, j’étais moi aussi membre du CA de La marche du crabe. Je peux vous dire que cette belle équipe ne se tourne pas les pouces!

Pour une fille comme moi qui trouve que les choses ne se passent pas assez vite en environnement, j’ai été enchantée de leur parcours. Bien sûr, dans leur vie personnelle, les gestes écologiques de réduction à la source, de réemploi, de recyclage, de transports moins polluants étaient là depuis longtemps. Naturellement, ces gestes percolaient dans leur vie professionnelle.

Par contre, dans la dernière année, le tout s’est bousculé et l’urgence d’agir qu’elles ont ressentie a permis la mise en place d’une démarche accélérée afin que ces écogestes deviennent la norme, que le tout soit enchâssé dans la mission même de l’organisation et que le CA entérine cet engagement.

Concrètement, depuis 2012, Simon Fournier (auteur, comédien, danseur, metteur en scène) et Sandy (chorégraphe, interprète, médiatrice), les fondateurs, directeurs généraux et artistiques de La marche du crabe ont fait entrer le cirque dans leur vie.

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Catherine est dans le milieu culturel depuis près de 15 ans. Comme doyenne du CA de La marche du crabe, elle peut témoigner des discussions liées à l’écoresponsabilité qui ont été amenées en rencontres de conseil d’administration. Ils ont formé un comité et adapté l’ensemble de leurs devis techniques pour les rendre plus écoresponsables en se basant sur le modèle d’ACT-Artistes citoyens en tournée. Le tout s’est officialisé en 2020.

Judith, nouvelle membre du CA et aussi spécialiste en écoconception, s’est tout de suite portée volontaire pour faire partie de ce comité.

Toutes trois ont mentionné que les travaux en cours pour systématiser leur engagement écoresponsable est logique avec la mission de La marche du crabe : plus verte, plus inclusive, plus diversifiée, et tournée vers demain!

Si on voulait faire une liste rapide de leurs engagements, les voici :

  • La marche du crabe s’engage, avant, pendant et après ses spectacles (à Montréal comme en tournée locale et internationale) à opter pour des comportements engagés et à sensibiliser ses pairs, ses publics et les diffuseurs à contribuer à réduire l’empreinte environnementale des spectacles et tournées.
  • N’utilise pas de bouteille d’eau à usage unique, ni d’objet à usage unique (ex. paille)
  • Modifie ses devis techniques afin d’inclure : la présence d’une station d’eau potable dans les loges (robinet, cruche d’eau, etc.) afin que les artistes remplissent leurs gourdes et un accès à des serviettes plutôt que du papier brun dans les salles de bain et sur scène
  • Calcule et compense ses GES : La marche du crabe a compensé ses tournées de 2019-2020 chez Planetair.
  • A signé la charte engagée ACT
  • Participe aux rencontres du groupe de travail Cirque et climat du MICC (Marché international de cirque contemporain, une plateforme de la TOHU qui réunit une communauté internationale liée au cirque contemporain (diffuseurs, artistes, chercheurs, etc.)
  • A collaboré avec Écoscéno pour les éléments de décors du spectacle Hiatus, la prochaine création de La marche du crabe propose une scénographie écoresponsable.
  • Inclut une section développement durable (dd) dans son rapport d’activités
  • Ajoute des notions de développement durable dans ses règlements généraux

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Savez-vous ce qui m’a surprise mais en même temps touchée dans cette entrevue? C’est la grande modestie de cette équipe. Malgré tout le chemin parcouru, elles voient surtout ce qu’il leur reste à faire, car bien sûr plus on fait de belles choses, plus on veut en faire encore.

Que faire de plus? Créer des partenariats, former des « green captain » dans chaque production et ainsi créer des agents multiplicateurs qui vont polliniser le milieu, identifier la provenance et la fin de vie de chaque élément de décor, être la vigie sur le catering, etc. Certaines décisions impliqueront moins de coûts de matériel mais plus de coûts en ressources humaines, etc.

Je leur ai aussi posé des questions en rafale.

Quelles sont les difficultés vécues dans une transition écologique ?

  • Ne pas savoir par quoi commencer;
  • Manque d’information.
  • On peut penser que c’est compliqué.
  • Les institutions qui financent n’ont pas d’obligation, ni d’incitatif pour encourager la transition.

Quels sont les éléments facilitants dans ce type de transition?

  • Qu’il y ait des obligations ou des incitatifs (points accordés) à ce que les compagnies, les tourneurs et les diffuseurs aient des pratiques écoresponsables (comme pour la diversité et l’inclusion);
  • Que certains écogestes soient faits par tous;
  • Se partager des ressources : ce milieu a déjà un réseau d’échange informel.Je vous confirme donc que j’ai eu l’occasion de faire une belle rencontre et de découvrir des complices dans cette transition écologique du milieu des arts vivants. C’est ensemble que nous pourrons arriver à faire changer les choses et mettre en pratique nos valeurs dans toutes les sphères de notre vie. Merci La marche du crabe et les autres acteurs de changement qui me donnent espoir!